Mon métier d’éditeur
et de jardinier
Ce qui est simple est faux, ce qui est complexe est inutilisable.
Paul Valéry
En octobre 1970, en exergue à un manifeste pour la constitution d’une Bibliographie des revues et journaux littéraires, j’avais utilisé cette maxime de Paul Valéry, quatre ans avant la constitution des Éditions Jean-Michel Place.
Aujourd’hui, après plus de cinquante années d’édition je constate que, à travers tous les sujets que j’ai pu aborder, j’ai toujours tenté de rendre utilisables et vivants des sujets complexes sans pour autant les simplifier.
J’ai toujours voulu concevoir des livres ou des revues dont l’esprit et la forme ne ressemblaient à aucun objet déjà identifié, dans des domaines aussi divers et complémentaires que la poésie, l’histoire et la recherche littéraires, les beaux-arts, le cinéma, l’ethnologie, l’esthétique, le surréalisme, l’architecture, avec des compagnons de route complices, toujours passionnés, souvent fidèles, parfois laissés au bord du chemin.
L’édition est une passion simple, même si c’est un processus compliqué. Je ne puis y échapper. Elle s’élabore en toute liberté avec ceux qui en comprennent l’enjeu et en expriment l’envie et la confiance. Enjeu, envie et confiance impliquent gourmandise et générosité.
Aujourd’hui, je cultive un jardin extraordinaire. La terre a été maintes fois amendée, désherbée, retournée, abandonnée à quelques jachères régénératrices, friches en attente d’ondées propices.
Le terrain est à respecter, tel qu’il se présente après tant d’années de culture active. Les racines sont là, en gésine, surgissant toujours quand l’envie, les enjeux et la gourmandise s’en mêlent et s’emmêlent.
Tout est réuni pour une permaculture féconde.
Jean-Michel Place, mai 2021